La Catalogne veut ouvrir un bureau de recrutement au Maroc

· 2.000 candidats pourraient être concernés
· Cette décision a été froidement accueillie par Madrid, qui parle d'empiètement sur ses prérogatives
· En tout cas, l'inauguration de ce bureau est prévue pour mars 2003
La province espagnole de Catalogne a décidé d'ouvrir, en mars 2003, un bureau de formation et d'orientation pour l'emploi à Casablanca. Le but de cet organisme est de promouvoir les potentialités de cette région espagnole sur les plans économique, touristique, culturel… En outre, ce bureau aura pour mission de former et de recruter une main-d'oeuvre marocaine appropriée aux besoins de la Catalogne et partant, de créer un canal pour l'immigration légale.
Cependant, cette décision a provoqué une polémique entre le gouvernement central de José Maria Aznar et celui de Catalogne dont la capitale est Barcelone.
Pour Aznar, les thèmes relatifs à la politique étrangère et à l'immigration sont l'apanage de son gouvernement. D'ailleurs, c'est la Constitution espagnole elle-même qui le prévoit.
A rappeler que cette initiative catalane n'est pas la première du genre. Elle s'inscrit dans un vaste programme de création de «Maisons de la Catalogne» un peu partout dans le monde. Le gouvernement de Barcelone a déjà procédé à l'inauguration d'un bureau similaire à Varsovie (Pologne), il y a quelques semaines et compte ouvrir un troisième en Amérique latine avant l'été 2003.
Au moment de l'installation du bureau de Varsovie, l'exécutif central n'a manifesté aucune opposition. Par conséquent, la réticence d'Aznar, dans le cas du Maroc, pourrait avoir des raisons beaucoup plus politiques que juridiques. En tout cas, les autorités catalanes n'ont pas l'intention de faire marche arrière. Elles ont même déjà choisi le directeur du bureau de Casablanca. Il s'agit d'un célèbre homme politique catalan et ancien secrétaire général du parti indépendantiste (Esquerra Republicana de Catalunya): Angel Colom.
L'exécutif catalan espère que le bureau de Casablanca renforce davantage le rôle que joue déjà le COPCA, un organisme public catalan basé à Casablanca et chargé de promouvoir l'investissement de cette région au Maroc.
En principe, José Maria Aznar devrait bientôt rencontrer le président catalan, Jordi Pujol, pour discuter de ce sujet. Bien que le local qui doit abriter le bureau de liaison n'ait pas encore été choisi, Barcelone n'a pas l'intention d'abandonner ce projet car il s'inscrit dans un vaste programme de coopération entre la Catalogne et le Maroc. Lors de sa visite au Maroc en février 2001, Pujol avait signé plusieurs accords avec les responsables marocains, notamment en matière d'emploi.
Sans compter les immigrés clandestins, environ 100.000 travailleurs marocains sont installés dans l'autonomie catalane. Selon la presse espagnole, l'exécutif de Barcelone estime que presque 2.000 candidats marocains peuvent bénéficier de ce programme de formation et d'orientation professionnelles, notamment dans les secteurs de la construction et l'agriculture.

Abdelmohsin EL HASSOUNI